FERT, Motto des Hauses Savoyen: Vier Buchstaben für die Erhebung der Seele...
Mit Wörtern und Redewendungen verhält es sich wie mit Früchten: Es gibt welche, die nie reifen, sondern fast sofort nach ihrer Bildung abfallen oder am Baum vertrocknen; andere reifen trotz Wind, Regen und allen anderen Hindernissen einer ungünstigen Jahreszeit." - Vaugelas
Originellement, le mot « FERT » serait la devise de l’Ordre du Collier, créé en 1364 (1) par le comte de Savoie Amédée VI (1334-1343-1383) ; ordre qui, depuis les nouveaux statuts accordés par le duc Charles III (1486-1504-1553), le 11 septembre 1518, est dénommé Ordre Suprême de la Très Sainte l’Annonciade. Cet ordre de chevalerie apporte à la Maison de Savoie deux emblèmes nouveaux :
– Le badge (2) du nœud (lac d’amour ou nœud de Savoie) ;
– Le mot « FERT ».
Tous deux symbolisent la foi jurée des quinze chevaliers (puis vingt à partir de 1518) qui composent l’ordre, ainsi que l’amitié indissoluble qui les unit. Le lac d’amour était peut-être un emblème personnel d’Amédée VI, dit le comte Vert. C’est un nœud desserré et stylisé tel que, lorsque l’on tire sur les deux bouts, il se resserre toujours davantage, devenant indénouable. Ce nœud de Savoie peut s’employer en un ou plusieurs exemplaires, constituer un champ semé (sur les sceaux, sur les tapisseries, etc.), prendre des formes variées, y compris celle d’une croix torsadée. Employé en trois exemplaires, comme sur le pendentif du collier de l’Ordre de l’Annonciade, il évoque la Sainte Trinité.
Toutefois, ainsi que nous le verrons plus loin, il se pourrait que le nœud de Savoie fût déjà utilisé par le comte de Piémont, Thomas II de Savoie (1199-1259), selon les explications données par Samuel Guichenon dans son Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie (1660). À partir de la création de l’Ordre du Collier, le lac d’amour, à l’instar de la devise « FERT », a tendance à fonctionner à trois niveaux :
– Personnel : le souverain ;
– Dynastique : la Maison de Savoie ;
– Institutionnel : l’Ordre du Collier.
La devise « FERT », quant à elle, semblerait apparaître aux alentours de l’année 1392, selon le Pr. André Palluel-Guillard : « FERT est la devise de l’ordre de l’Annonciade, en fait elle apparaît vers 1392 et demeure encore bien incompréhensible : On en a fait l’anagramme latin de l’expression « Sa vaillance défendit Rhodes » en référence à l’expédition d’Amédée V sur cette île au XIIIe siècle, mais ne serait-ce pas aussi « Nous sommes tenus par l’alliance et la religion » ou comme on le suggéra au début du XVIIIe siècle « La femme sera ta ruine », à moins que plus simplement elle ne signifie « Qu’il (ou elle) supporte » ou plus franchement encore (selon Guichenon) « Frappez, entrez, rompez tout ». Le mystère demeure. »(3)
Cependant, au gré de l’histoire la réelle signification de ce mot fut supplantée par des interprétations fantaisistes depuis la fin du XVIe siècle, en pensant que ces quatre lettres pourraient être un acronyme. À partir de cet acronyme, on construisit l’expression latine « Fortitudo Eius Rhodum Tenuit », se traduisant par : « Sa vaillance défendit Rhodes » ; « Sa force préserva Rhodes » ; « Par son courage, il est devenu maître de Rhodes ». Ainsi est-il fait référence au comportement héroïque du comte Amédée V le Grand (1249-1285-1323) au siège de Rhodes en 1315, la libérant du joug ottoman. Amédée V n’était pas présent à Rhodes lors de ce siège… qui n’eut pas lieu. À moins qu’il ne soit plutôt fait référence à la conquête de l’île de Nisyros, en 1315, par les chevaliers de Rhodes (que nous connaissons désormais sous la dénomination de chevaliers de Malte).
Quoi qu’il en soit, Amédée V ne prit pas part à ce fait d’armes. Ou encore : « Fœdere Et Religione Tenemur », qui se traduit par : « Nous sommes tenus par l’alliance et la religion » ; « Nous sommes liés par la parole donnée à la foi » ; « La paix et la religion nous tiennent unis ». Nous connaissons aussi la locution : « Fides Est Regni Tutela », signifiant : « La foi est la protection du royaume » ou « La foi est protectrice du pays ». Persiflant sur la faiblesse de certains souverains face au grand pouvoir de leurs épouses, après le premier apogée sabaudien lors du long règne d’Amédée VIII (1391-1440), les mauvaises langues, s’ingénièrent, au début du XVIIIe siècle, à détourner cette devise chevaleresque en un méchant, peu élégant et discourtois petit mot : « Femina Erit Ruina Tua ».
L’évidence du sens de cette parole pamphlétaire n’aura échappé à personne : « La femme causera ta ruine ». Très humblement, l’historien Samuel Guichenon (1607-1664), après avoir cependant démontré l’absurdité de certaines thèses tentant de donner une explication à ces quatre lettres, conclut simplement par ces quelques mots : « Ainsi nos princes adoptèrent le FERT pour leur devise, que chacun interprétera comme il lui plaira, car j’avoue en cela mon ignorance […] »En premier lieu, à la page 111, chapitre XIII du livre premier de son Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie (4), alors qu’il présente brièvement les ordres de chevalerie de la dynastie sabaudienne, Samuel Guichenon rejette fermement la thèse d’André Favyn (5) :[L’Ordre] « de l’Annonciade est de l’institution d’Amé VI surnommé le comte Vert, et non pas Amé II comme des auteurs modernes ont écrit. On le nomma du commencement l’Ordre du Collier, parce que le Collier, était fait comme celui d’un Laurier, en quoi Favin s’est étrangement mépris, qui dit qu’il s’appelait en son origine l’Ordre Militaire du lacs d’Amour, présupposant que la cause d’une si noble institution eut été quelque amourette, ainsi qu’on l’a cru des Ordres de la Toison d’or et de la Jarretière. C’est sur ce mauvais fondement que le même écrivain a avancé que le comte Vert ayant reçu d’une amie un bracelet de cheveux tressés et cordonnés en lacs d’Amour, établit cet Ordre en mémoire de cette faveur, et que les quatre lettres de la devise F.E.R.T. qui est dans le collier, entrelacés de lacs d’amour, signifient FRAPEZ ENTREZ ROMPEZ TOUT, devise propre à un amoureux : mais bien loin que le comte Vert ait eu la pensée de faire un Ordre pour une chose si légère,(6) qu’au contraire il n’eut que la piété pour but, et la dévotion particulière qu’il avait à la sainte Vierge, et à l’ordre des Chartreux, dont il ne faut point d’autre preuve que la fondation de la Chartreuse de Pierre-Châtel en Bugey ; par laquelle il est porté, qu’il y aurait en cette maison quinze Chartreux, pour y dire messe chaque jour, à l’honneur des quinze joies de la Vierge et pour le salut des quinze chevaliers de son Ordre. »
En second lieu, une trentaine de pages plus loin (pp. 140, 141 & 142) au chapitre XV intitulé « Des Armes, ces sceaux, tenants, cimier, cri, devise et monnaies de la Royale Maison de Savoie », Samuel Guichenon, rejette également la référence à cet inexistant siège de Rhode de 1315 dont nous avons déjà parlé plus haut. Tout autant rejette-t-il une quelconque référence de cette devise à un soi-disant hommage humiliant du marquis de Saluces(7) au comte Amédée VI (1343-1383), en revenant brièvement sur l’explication « ridicule » – selon son propre mot – de Favyn :« Reste la devise de cette Royale Maison, qui consiste en ce mot FERT ou en ces quatre lettres F.E.R.T. dont nos historiens et tous les étrangers attribuent l’invention au comte Amé le Grand(8), en mémoire de la prise de Rhodes, ce qu’ils tirent de ces quatre lettres écrites avec cette ponctuation, F.E.R.T. en telle sorte que chaque lettre signifie un mot FORTITUDO EIUS RHODUM TENUIT, d’autres font auteurs de cette devise le comte Vert, à cause du collier honteux qu’il fit porter au marquis de Saluces, lorsqu’il reçut hommage de lui, comme s’il eut voulu dire FERT, il porte. Favin qui a cru que l’institution de l’Ordre du Collier de Savoie, appelé depuis l’Annonciade, procédait d’une amourette a interprété ces quatre lettres de FERT à sa fantaisie et dit qu’elles signifient, FRAPEZ, ENTREZ, ROMPEZ, TOUT, ainsi que nous avons déjà remarqué. »
Enfin, Samuel Guichenon poursuit son étude en expliquant que l’apparition de la devise FERT ne daterait pas du règne d’Amédée VI ni de celui de son grand-père le comte Amédée V.Selon lui, outre le fait que cette devise aurait été utilisée par l’un des frères d’Amédée V, à savoir Louis Ier (1250-1302), baron de Vaud, elle pourrait déjà dater du milieu – voire de la première moitié – du XIIIe siècle : Thomas II (1199-1259) comte de Piémont (1235-1259),(9) père de Louis baron de Vaud et d’Amédée V comte de Savoie, faisait usage de la devise FERT et du lac d’amour, écrit Guichenon :« Or, comme l’explication de Favin, que nous avons réfutée est ridicule, aussi les autres deux ne s’accommodent pas avec la chronologie ; car pour montrer que cette devise n’est ni l’invention du comte Vert, ni du comte Amé le Grand, Louis de Savoie baron de Vaud, qui mourut l’an 1301 portait déjà la même devise FERT sans ponctuation, ainsi que nous l’apprenons de ses monnaies, que Monsieur Quartery(10) protonotaire apostolique et chanoine des églises de Sion et de Saint Maurice en Chablais, depuis très digne abbé et seigneur de Saint Maurice personnage fort curieux, nous a fait voir, et dont j’en ai recouvré quelques-unes, et de plus en la sépulture de Thomas de Savoie II du nom, comte de Maurienne et de Piémont, père d’Amé le Grand, qui est inhumé en l’église cathédrale d’Aoste, il y a un chien à ses pieds, qui a un collier, sur lequel est la devise FERT en lettres gothiques, sans ponctuation ni séparation de lettres : ce qui nous apprend que ce n’était qu’un seul mot, et ce que l’on a dit qu’Amé le Grand prit cette devise, à cause de la conquête de Rhodes, est une fable.
En effet, j’ai en mon pouvoir une ancienne monnaie de cuivre du même comte Thomas, laquelle m’a été envoyée de Dauphiné par le sieur Chorier(11), de qui toute la France attend cette belle et curieuse histoire de Dauphiné, ou d’un côté est l’écu penchant de Savoie, avec la croix et le cimier d’un mufle de lion ailé et surmonté d’une plume de paon, avec ces deux lettres d’un côté TS, lesquelles veulent dirent THOMAS et de l’autre HI ce qui signifie HUMBERTI, c’est-à-dire, FILIUS, à la mode des Grecs, qui ajoutaient toujours aux noms des enfants, celui de leurs pères. Au revers de cette monnaie, il y a deux lacs d’Amour, et le mot FERT au milieu.« J’ai encore une monnaie d’argent de Pierre de Savoie auparavant qu’il eut été appelé à la couronne de Savoie, en laquelle il y a la devise FERT au revers, en caractère gothique.« D’où résulte clairement que ce mot FERT est l’ancienne devise de la Royale Maison de Savoie ; mais il est difficile d’en donner une certaine interprétation ; Petra-Sancta(12) nous l’avait promis, et l’a oubliée. […] Ainsi nos princes adoptèrent le FERT pour leur devise, que chacun interprétera comme il lui plaira, car j’avoue en cela mon ignorance […] »À notre époque, le médiéviste et héraldiste Michel Pastoureau écrit que « ce mot représente simplement le présent de l’indicatif du verbe [latin] « ferre » à la troisième personne du singulier, et qu’il doit se comprendre par rapport à l’Ordre du Collier.
FERT est le mot commun aux quinze chevaliers ; chacun porte (fert) le collier de l’ordre. Il serait sans doute vain de chercher plus loin. Ce qui n’empêche pas les interprétations proposées aux XVIIe ou au XIXe siècle d’être de vrais documents d’histoire sur les mentalités et l’érudition des XVIIe et XIXe siècles. Ce mot n’est donc pas un sigle, ce serait anachronique au milieu du XIVe siècle. » Le professeur André Palluel-Guillard a souhaité, quant à lui, donner une dimension plus chevaleresque à cette dernière interprétation de Michel Pastoureau en écrivant que cette conjugaison du verbe « ferre » signifierait en fait « qu’il supporte », sous-entendant ainsi que chacun des chevaliers dans l’Ordre Suprême de la Très Sainte Annonciade supporte son sort. Pour sa part, le médiéviste Matthieu de La Corbière, donne une explication particulièrement intéressante de cette devise « FERT ». Selon lui, ce mot ne serait relatif ni aux chevaliers de l’Ordre Suprême de la Très Sainte Annonciade, ni à leur collier de l’ordre, ainsi que le proposent A. Palluel-Guillard et M. Pastoureau, mais se rapporterait à celle-là même à qui l’ordre rend hommage dès sa fondation en 1364 : la Sainte Vierge. Dans son roman intitulé « La conquête du Mont Maudit » (Ed. Le Vieil Annecy, Chavanod, 2013), signé sous son nom de plume Henri Alfray, Matthieu de la Corbière écrit à la page 213 : « […] et la devise « Fert », pour dire que la Vierge porte l’enfant Jésus, ainsi que l’a annoncé l’archange Gabriel. »
In Fußnote 45 am Ende des Buches erklärt der Autor: "Im Lateinischen bedeutet "fert" sie oder er trägt, vom Verb "fero" [oder "ferre"] (tragen, ertragen, verhalten, berichten, mitnehmen)." Hält schließlich nicht jeder dieser drei herausragenden Historiker, nämlich Michel Pastoureau, André Palluel-Guillard und Matthieu de la Corbière (alias Henri Alfray), einen Teil der Antwort auf die Frage nach der Bedeutung des Mottos des Hauses Savoyen in den Händen? Während die Heilige Jungfrau das Jesuskind trägt, spricht darüber hinaus nichts dagegen, dass jeder der zwanzig Ritter des Höchsten Ordens der Allerheiligsten Annunziata nicht nur ihre Halskette trägt, sondern auch - und vor allem - ihr Schicksal erträgt und schließlich, dass jeder von ihnen seine Seele darüber hinaus trägt: "Et ultra animum meum fert."
Text: Gilles Carrier-Dalbion, Guide du Patrimoine des Pays de Savoie. Vervielfältigung des Textes, auch auszugsweise, ohne Genehmigung verboten.
1 - Das Gründungsdatum des Halsbandordens ist ungewiss, da sich Historiker seit mehr als sechs Jahrhunderten mit dieser Frage beschäftigen. Das Ergebnis seiner Forschungen, das Dino Muratore 1910 veröffentlichte ("Les origines de l'Ordre du Collier de Savoie dit de l'Annonciade", Jullien, Genf, 1910 - In-4°, broschiert, Illustrationen im Text, Auflage: 205 Exemplare), bestätigt jedoch die Gründung des Ordens eher im Jahr 1364 als im Jahr 1362. Eine Tatsache ist jedoch unbestreitbar: Amadeus VI. und vierzehn Ritter trafen sich im Januar 1364 in Avignon anlässlich der Eidesleistung für den allgemeinen Kreuzzug gegen die Türken. Zu diesem Zeitpunkt überreichte Papst Urban V. dem Grafen von Savoyen die Goldene Rose (am 23. Januar 1364). Der Orden hatte folglich einen religiösen Charakter, denn der Übergabe der Ketten, die bei einem berühmten Bankett in Avignon oder auf dem Rückweg nach Chambery Anfang Februar 1364 erfolgte, ging eine Messe voraus: Es war die Zeremonie der feierlichen Investitur der neuen Ritter. Graf Vert selbst überreichte jedem Ritter eine goldene Halskette, die von italienischen Goldschmieden in der Stadt der Päpste angefertigt wurde.Wie Laurent Ripart schreibt, ist der Ordre du Collier in seinem Ursprung jedoch eher ein "Votivorden, der für die Bedürfnisse eines kollektiven Unternehmens gegründet und für die zur Erfüllung eines gemeinsamen Wunsches [des Kreuzzugs gegen die Türken von 1366-1367] erforderliche Zeit gebildet wurde." Ein Votivorden (eine "emprise", wie der in Quellen der Zeit gebräuchliche Begriff lautet, präzisiert L. Ripart) mehr als ein wirklicher Ritterorden. Der Halsbandorden "entwickelte sich erst in den Jahren 1383-1409 zu einem monarchischen Orden", beginnend mit dem Testament von Amédée VI, das am 27. Februar 1383 (am Vortag seines Todes) verfasst wurde, bis zur Verkündung der Statuten, die das Leben des Ordens organisierten, durch Amédée VIII im Jahr 1409, wodurch "die Umwandlung des ehemaligen Kreuzzugsbanners in einen vollwertigen monarchischen Orden" vollendet wurde. - Vgl. Laurent Ripart, "Du Cygne noir au Collier de Savoie: genèse d'un ordre monarchique de chevalerie (milieu XIVe - début XVe siècle)", in L. Gentile, P. Bianchi (Hrsg.), L'affermarsi della corte sabauda. Dinastie, poteri, élites in Piemonte e Savoia fra tardo medioevo e prima età moderna, Torino, 2006, S. 93-113"; dieser vollständige Artikel ist auf der Website academia.edu unter der folgenden Adresse verfügbar (pdf-Format).